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Aujourd’hui, c’est un immense plaisir d’accueillir Dominique Krauskopf, qui va nous raconter, via cet interview, sa vision de la photo mais surtout de ses rencontres, au fil des décennies, comme baroudeur à travers le monde avec de nombreux voyages qui ont forgé sa personnalité. Une vie très intéressante que je vous propose de découvrir…


 
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

Au cours de mon enfance, comme tout le monde, mes premiers déplacements étaient synonymes de vacances d’été et les voyages ont toujours pris des allures de joyeuses transhumances. Je garde un souvenir ému des routes que nous empruntions, qui traversaient quelques-unes des plus belles régions françaises.

Mais voyager, pour moi c’était partir loin, sur un autre continent là, où nous sommes saisis par les couleurs, les odeurs et les sonorités. Dans les années 1980, je rencontre l’homme de radio, Claude Villers, qui a donné le goût, à tant de Français, de courir le monde à travers ses émissions. Et c’est le déclic.

Je me tourne vers la radio, porté par l’envie de pouvoir raconter, mettre en valeur les personnes et les parcours de vie qui me fascinaient. Puis, j’ai pu expérimenter l’écriture de chroniques et il y a 15 ans fonder le portail Voyager-magazine.fr 

Alors, les destinations s’enchaînent, des rencontres par centaines d’hommes et de femmes que j’ai regardés et écoutés. Je suis devenu un humble passeur d’émotions pour mettre en lumière ce que notre humanité a de plus joyeux, de plus sincère et beau. Mon appareil photo m’accompagne également pour surtout immortaliser les paysages naturels.

Mes émissions de radio pour RCF font la part belle aux héros du quotidien qui partagent un bout de leur vie. On doit penser, à chaque instant, aux auditeurs ou lecteurs et se dire : que vont-ils apprendre ? Qu’est-ce qui va les émouvoir ?

Quel bonheur de documenter la vie des gens, de leur donner la parole, de valoriser les personnes magnifiques qui peuplent notre planète. Malgré la distance parcourue, je garde mon ancrage local et mes attaches normandes qui ont modelé ma personnalité. 

Quel type de photographe êtes-vous ?

Je ne suis pas vraiment un photographe au pur sens du terme, je suis avant tout journaliste-reporter et  la photographie est un moyen de faire partager mes découvertes et de faire passer certaines de mes émotions face à un paysage.

Comment trouvez-vous l’inspiration ?

Je suis un observateur, je suis sensible à la nature, aux grands espaces et à mon environnement. Tout d’abord, j’ai été attiré par l’Ouest Américain, puis j’ai pratiquement fait le tour du monde, et accumulé des milliers de clichés. Ces images montrent la beauté des choses. A travers mes expositions “grand format” les visiteurs s’approprient le sujet.

Vous êtes également auteur ?

Oui, je côtoie depuis de nombreuses années des écrivains, romanciers et historiens. Cet univers me fascine, les auteurs sont des passeurs d’émotions. Le projet d’écrire un livre me titillait depuis longtemps mais il me fallait sauter le pas… et suite à une exposition photographique Grand format, en 2019, sur les grilles du Conseil départemental de Seine-Maritime (Rouen) intitulée « Grandeur nature», on m’a suggéré de réaliser un ouvrage pour présenter une compilation mes images. 

Mais, je souhaitais aller plus loin et faire partager mes coups de cœur pour des sites naturels des cinq continents en présentant leur spécificité et ma façon d’aborder la photographie. Avec la parution du livre “Splendeurs naturelles de la planète” (éditions Voyage et art de vivre), j’invite le lecteur à contempler les lumières australes, la faune du Grand Sud, approcher les vertigineux glaciers et canaux de Patagonie ; à entrer dans le paradis arctique de Disko ; à admirer les géants de glace semblant flotter à perte de vue comme de véritables vaisseaux blancs.

L’ouvrage permet aussi d’approcher le mythique Cap Horn, les fjords mystérieux de Nouvelle-Zélande, l’immensité de l’Ouest des Etats-Unis et du Canada, la nature à l’état brut du Yukon et de l’Alaska ou encore des sites préservés aux Seychelles, sur l’île de Madère ou au Sultanat d’Oman.

Le projet artistique dont vous êtes le plus fier ?

Sur une idée de Stéphane Demarest et pour répondre à une autre de mes passions, les timbres qui, enfant, me faisaient voyager, La Poste a émis un Collector Prestige de 8 timbres  sur le thème des : Splendeurs naturelles de la planète reprenant quelques unes de mes photographies. J’apprécie les timbres car ils peuvent aller et venir du bout du monde. C’est un moyen de communication qui permet la promotion d’une destination et appel au voyage.

Vos plus beaux souvenirs de voyage ? 

Si la dimension humaine alimente mes désirs d’ailleurs, j’ai toujours été fasciné par le lien qui unit chaque territoire à sa nature. Par la manière qu’ont les peuples d’habiter un lieu en s’adaptant aux pourtours de ses montagnes, aux détours de ses rivières…. J’ai toujours été frappé par la beauté des premières fois. L’émotion d’une première rencontre, la découverte d’une ville, d’un paysage ou d’un visage qui se grave à jamais dans notre mémoire. 

Cette émotion, je l’ai retrouvée pour la première fois en Islande, un pays pour lequel j’ai eu un coup de foudre lors de mon premier voyage en 1990. Je n’ai jamais cessé, depuis, d’y retourner.

Les grandes étendues de roches volcaniques m’ont donné l’impression de traverser tout un continent en un battement de cils. Voire de changer de planète, tant ces champs de lave recouverts par ce lichen d’Islande, recouverts d’une brume irréelle, m’ont donné l’impression d’avoir quitté la terre. Sur cette île magnifique, j’ai admiré les roches colorées par l’effet combiné des minéraux, des gaz et de la lave en fusion et observé des lacs d’un bleu laiteux. 

Je ne pourrais évoquer l’Islande sans également parler du silence et de la quiétude qui y accueille le voyageur. Sa nature primaire magnifique, presque vierge de toute présence humaine, offre une distance avec le monde humain de plus en plus rare sur notre planète surpeuplée et surexploitée.

L’Islande fut pour moi le seuil des régions polaires. Après l’Islande, j’ai poussé plus loin vers le Groenland et l’Antarctique.

Quels matériels photo utilisez-vous ?

Un matériel numérique très simple.  J’accorde peu d’importance aux préoccupations techniques et au matériel.

Quels sont vos projets en cours et à venir ?

Je souhaite proposer à partir de mes images des tirages d’Art (appelé aussi Fine Art). Cf le site web : www.grandeur-nature-photographie.com

Je prépare une exposition Grand format en Normandie sur le thème des paysages du monde mais d’autres projets sont en cours de finalisation et c’est trop tôt pour en parler.

Par ailleurs, je suis un fan du chemin de fer ; c’est un merveilleux moyen de voyager. Les trains ont un indéniable pouvoir de fascination sur les voyageurs. Ils permettent d’explorer les pays, d’en admirer les paysages, ils sont aussi des lieux propices aux rencontres et à la découverte.

Je viens terminer l’écriture d’un beau-livre sur le thème des « Trains mythiques de la planète » (titre provisoire). Il sortira en mai prochain. Si l’image aura toute sa place, il décrira des trains qui sont devenus des destinations ou des voyages en soi, tant ils font rêver le baroudeur qui sommeille en chacun de nous. Les trains mythiques ont, pour certains, traversé l’histoire ou, pour d’autres, circulent dans des lieux hors du commun. Le livre évoquera l’Orient-Express, le transsibérien, le Rovos

Quels conseils pourriez-vous donner à un photographe débutant ?

Je n’ai pas vraiment de conseils à donner, à part “suivez votre instinct et faites-vous plaisir !”

Le mot de la fin ?

Il existe une beauté à proximité de chez soi et au bout du monde. Et rappelons-nous, la terre est un joyau fragile qu’il faut protéger.

 

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